Un passé vivant à travers ses lieux
Vous trouverez ici un aperçu du riche passé de La Grave, à travers des lieux emblématiques comme le magasin Reid, la maison Starrat et la maison Painchaud. Ces récits racontent l’histoire du commerce, de la vie communautaire, de la douane et des familles qui ont marqué le territoire. Ils témoignent de l’évolution du site, de ses usages et de son importance dans la mémoire collective des Îles.

Le magasin Reid
L’ancien bâtiment des douanes aurait été construit en 1923 et aurait été utilisé comme bureau des douanes une quinzaine d’années.
En 1923, Cyrice Painchaud, qui est douanier à ce moment, vend au Ministère des douanes une partie du lot 15 du cadastre de l’île Amherst mesurant 30 de largeur en front du chemin public par 50 pieds de profondeur et borné sur les trois autres côtés par sa propriété. C’est sur cet emplacement qu’est construit ce bâtiment.
En 1938, Eddy Reid acquiert cet emplacement du Ministère du Revenu National avec le bâtiment et acquiert le reste du lot 15 en 1943 de la succession de Cyrice Painchaud.
Le 4 août 1941, le Conseil municipal de Havre-Aubert loue ce bâtiment, achète un poêle et une lampe à gazoline et y installe le bureau municipal qui sera ouvert au public les lundi et mercredi jusqu’en octobre 1945 où le bureau municipal est déménagé dans la maison du conseil (maison construite par le Dr Gallant).
En 1944, Eddy Reid construit son nouveau magasin sur le lot 15 et utilise l’ancien bâtiment des douanes comme annexe.
En 1962, Hector Hébert acquiert la propriété d’Eddy Reid et continue d’utiliser ce bâtiment comme partie de son commerce (marchand de chaussures et vêtements) Hector Hébert. Ses fils, Richard et Denis, qui prendront la relève, conserveront avec soin la valeur patrimoniale de l’Ancienne douane jusqu’à la fermeture du commerce, en 2020.
Depuis son classement en 1983, l’édifice fait partie des éléments patrimoniaux du Site historique de La Grave.

La maison Starrat
Cette demeure, érigée par Wilfrid Harlow Starrat, devint la résidence familiale de François Painchaud en 1933.
Originaire de la Nouvelle-Écosse, Wilfrid Starrat abandonna sa carrière de dentiste à Boston pour prendre les rênes des affaires de son beau-frère, Robert Leslie. Dès 1906, il possédait des propriétés aux Îles, incluant une dans les bois brûlés. Ayant des parts dans les pêcheries de l’endroit, il décida d’ériger cette maison sur le Cap Gridley. Il fit venir un plâtrier de l’Île-du-Prince-Édouard et en fit bénéficier les propriétaires voisins, tels que l’hôtel Shea, le palais de justice, Antonio Painchaud et Edmond Brasset. Il quitte les îles en 1921.
Le toit, initialement couvert d’ardoise, s’est envolé avec le vent. À l’origine, la maison était en briques rouges. Peinte en blanc vers les années 1940-41, elle disposait de trois cheminées.
Antonio Painchaud l’acquiert en 1933 et la transmet à son fils François. Dix-sept personnes, toutes artistes, occupaient les lieux ! La musique et le théâtre imprégnaient chaque recoin de la maison.
François Painchaud était le responsable de la centrale téléphonique installée dans la maison dès 1938. Sa conjointe, Yvonne Gallant, abandonne l’enseignement en 1932 pour se consacrer à l’éducation de leurs 11 enfants. Pianiste talentueuse, elle fut l’initiatrice des dons artistiques qui caractérisent la famille Painchaud.
Source : Yolande Painchaud, « Le cap Gridley »

La maison Painchaud
LA MAISON PAINCHAUD 1832 – AUJOURD’HUI HÔTEL DE LA GRAVE Par Louis Cormier
Entre 1832 et 1858, l’agent de Coffin accorde à William Muncey, marchand, un bail pour un terrain à Amherst Harbour.
WILLIAM MUNCEY – En 1831, Baddeley rapporte qu’un monsieur Muncey d’Halifax possède à Havre-aux-Maisons l’un des principaux établissements de pêche des Îles de la Madeleine. Nous savons qu’Henry Muncey est un commerçant à Havre-aux-Maisons avec son frère John Francis Muncey, qui sera l’agent de Coffin de 1844 à 1852. Nous avons toutefois peu d’information sur la présence de William Muncey à Amherst où nous devons présumer qu’il opérait aussi un commerce.
Le 2 novembre 1858, Jean-Baptiste Félix Painchaud achète de William Muncey, marchand de Québec, ses droits sur un terrain à Amherst Harbour d’environ deux acres avec maison et grange.
Le 22 novembre 1858, par contrat de mariage, Jean-Baptiste Félix Painchaud donne à sa future épouse Suzanne Turbyde (Fontana) ses droits sur :« Une propriété sise à Amherst, dites Isles, autrefois appartenant à monsieur William Muncey que le dit futur époux a acheté de lui pour la dite future épouse pour en jouir à son profit en propriété avec toutes bâtisses dessus. »Dans l’énumération des biens de l’époux, cette propriété est décrite comme : « Une propriété à Amherst sur laquelle maison en bois et étable achetée à l’encan pour L47 ».
Le 12 septembre 1859, un acte confirme la vente de William Muncey à Jean-Baptiste Félix Painchaud, pour la somme de 47 pounds payée le 2 novembre 1858 :« A lot or parcel of land situated at Amherst Harbor in the said Magdalen Islands containing about two acres whereon is erected a dwelling house and stable, the said being bounded in front by the public road, in rear by a lot of land held by the representatives of Jos Cormier, on one side by land held by Edouard Borne and on the other side by land held by Michael Cantwel. »
JEAN-BAPTISTE PAINCHAUD (1825–1890) – Notaire, marchand, propriétaire de goélettes, inspecteur d’école, maire de la municipalité des Îles de la Madeleine, consul des États-Unis aux Îles, collecteur de douane. Jean-Baptiste Félix Painchaud est un personnage incontournable aux Îles dans la seconde moitié du XIXe siècle. Né à Montréal en 1825, il arrive aux Îles en 1849. En 1858, il épouse Suzanne Turbide Fontana avec qui il aura onze enfants, dont quatre décèdent en très jeune âge.
Le 11 janvier 1890, au décès de Jean-Baptiste Félix Painchaud, sa veuve Suzanne Turbide conserve la propriété.
Le 11 septembre 1906, Suzanne Turbide rachète de la Magdalen Co Ltd, propriétaire des Îles à l’époque, la rente de cette propriété. Elle en devient alors pleinement propriétaire.
SUZANNE TURBIDE (1839–1933) – Au décès de son père en 1842, elle est adoptée par Giovanni (John) Fontana, marchand et agent de Coffin de 1852 à 1889, et son épouse Marie Anne Cormier.La photo suivante montre la maison que Suzanne Turbide habite alors avec la famille de son fils Antonio Painchaud vers 1905. On remarque aussi les maisons des deux autres fils Cyrice et Alpide.
Le 8 septembre 1933, à la suite du décès de Suzanne Turbide, la propriété est léguée à son fils Antonio Painchaud.
ANTONIO PAINCHAUD (1876–1940) – Épouse Louise Brasset en 1902. Ils sont les parents de huit enfants. Antonio sera régistreur au Palais de Justice de Havre-Aubert au décès de son beau-père Edmond Brasset.Antonio Painchaud et Louise Brasset sont les arrière-grands-parents de Jeannot Painchaud du Cirque Éloize, ainsi que des musiciens Éloi et Jonathan Painchaud.
Le 23 mars 1940, à la suite du décès d’Antonio Painchaud, la propriété est léguée à son épouse Louise Brasset.
Le 20 novembre 1946, Dame Antonio J Painchaud (Louise Brasset) fait don de la propriété à deux de ses fils, Félix et Charles Painchaud. La maison est alors aménagée en deux logements, et pendant quelques années, la famille de Félix habite le deuxième étage et la famille de Charles, le premier.
Le 17 juillet 1967, la propriété est acquise par Corine Gaudet, épouse de Charles Painchaud.
Le 30 octobre 1992, Corine Gaudet Painchaud vend la propriété à sa fille Louise Painchaud, qui loue des chambres aux touristes pendant la saison estivale.
Le 9 avril 2010, Louise Painchaud vend la propriété à Colette Chicoine et Nicole Gravel.C’est à cette époque que la maison est aménagée en hôtel et identifiée comme l’Hôtel de la Grave. Cette vocation hôtelière dure cependant à peine cinq ans.
Le 13 septembre 2013, Nicole Gravel vend sa part à Colette Chicoine.
Le 29 juin 2015, Colette Chicoine vend à Lynn Albert.La maison redevient une résidence privée, mais l’enseigne Hôtel de la Grave demeure en place.
Le 16 septembre 2021, Lynn Albert vend à la compagnie Aucoin des Îles.Puis vendue à Julie Snyder, qui reprend son titre de Hôtel de la Grave.